Jamendo ne respecte (toujours) pas les licences ouvertes

Suite à notre pétition qui recueille actuellement 67 signatures, Jamendo a bien modifié ses bannières (cf. article) mais continue à proposer à la vente des oeuvres d’artistes qui ne l’ont pas demandé.

Comme annoncé par Sylvinus, Jamendo a peut-être ajouté « dans le panel d’admin » « une option pour enlever les boutons ‘‘acquérir une licence commerciale’’ quand on est allergique […] » (cf. commentaire de Sylvinus sur ce blog). Mais ces boutons sont toujours bien présents sur les pages des albums et des morceaux.

Cela signifie que, par défaut, l’ensemble du catalogue disponible sur Jamendo est (toujours) proposé à la vente et qu’il revient aux artistes de penser à supprimer ces boutons mensongers.

Il serait plus juste que, par défaut, l’artiste ne soit pas affiché à la vente et que ce soit lui qui décide d’être ou non sur « Jamendo Pro », mais les artistes sont de grands enfants influençables (cf. article). J’espère que vous apprécierez.

Pourquoi disons-nous que Jamendo ne respecte pas les licences ouvertes (ou licences de libre diffusion) ?

Parce qu’un artiste qui a choisi une licence non commerciale (avec clause « NC ») a clairement spécifié qu’il ne souhaitait pas qu’un tiers fasse du business avec sa musique.

C’est à l’artiste de décider, de par le principe de la gestion individuelle inhérent aux licences ouvertes.

Que voit-on maintenant sur Jamendo ?

Prenons, au hasard (1), le cas d’un artiste luxembourgeois (2) inscrit à la SACEM et présent sur Jamendo. Il s’agit du groupe « Eternal Tango », dont les morceaux figurent au catalogue de la SACEM (http://www.sacem.fr/catel/) avec mention du bassiste et compositeur Tom Gatti (3) comme auteur.

Prenons l’album « First Round at the Sissi Café » publié sous licence Creative Commons NonCommercial Sampling Plus 1.0. L’artiste a donc bien choisi une licence non commerciale, bien que celle-ci soit incompatible à l’heure actuelle avec la SACEM (1).

Pourtant, Jamendo prétend bien être en mesure de vendre son album. Il suffit pour cela de cliquer sur le bouton « acquérir une licence commerciale » auquel nous sommes tant allergiques  (cf. article).

Album First round at the Sissi Café

Album First round at the Sissi Café

Cliquons donc sur ce bouton (attention à l’urticaire, quand même !)

Les prix sont compétitifs (à partir de 2 € HT la piste) et nous pouvons obtenir un certificat nous exonérant de la redevance SACEM !!!!? (4).

Allons un peu plus loin en remplissant les champs nécessaires.

Les morceaux sont indisponibles. Ouf ! Le groupe n’a probablement pas souscrit à « Jamendo Pro ». Pourtant, le bouton « acquérir une licence commerciale » laissait penser le contraire.

Sylvinus nous avait prévenus que nous ne trouverions pas d’artistes SACEM sur « Jamendo Pro » !

Jamendo nous donne quelques explications sur ces morceaux présentés comme « en attente de disponibilité » :

Les morceaux indisponibles sont des morceaux que vous avez pu trouver sur jamendo.com et dont les auteurs n’ont pas encore donné leur accord pour une utilisation commerciale.
Vous pouvez toutefois passer commande, nous demandons immédiatement l’accord des auteurs pour l’utilisation de leurs morceaux pour votre projet.

Nous y voilà ! Les morceaux ne sont « pas encore » en vente, mais… tout laisse à penser que ce n’est que provisoire. Il est même possible de passer commande, alors que les morceaux ne sont en fait pas en vente et que les auteurs ne sont pas inscrits à « Jamendo Pro ».

Pourtant nous avons vu plus haut que l’artiste avait choisi une licence « Non Commercial » dont Jamendo se contrefout visiblement, puisque les morceaux sont quand même proposés à la commande.

Imaginons la méthode Jamendo appliquée à d’autres secteurs de l’économie. La voiture de votre voisin vous intéresse ? Vous passez commande sur internet, même si lui n’a jamais émis la moindre intention de vendre son carrosse. Un équivalent de Jamendo se fera fort de le convaincre d’accepter de le vendre à vil prix. Sa maison n’est pas mal non plus ? Passez commande. Sa femme ? Qui sait si elle n’a pas vocation à la prostitution ? Passez juste commande, on ne sait jamais : elle a peut-être juste oublié de cocher l’option « pro »…

Jamendo peut-il toujours prétendre respecter les licences ouvertes ?

Nous demandons simplement à Jamendo que l’artiste puisse décider lui-même et que le catalogue de musique sous licences ouvertes de Jamendo ne soit pas par défaut la vitrine du catalogue sous licence commerciale de « Jamendo Pro ». Les artistes inscrits sur Jamendo sont libres d’adhérer au programme « Jamendo Pro » et assez grands pour faire eux-mêmes, sciemment et volontairement, le choix de verser leurs oeuvres au catalogue de « Jamendo Pro ».

Le client intéressé par les offres de « Jamendo Pro » n’a a priori rien à faire sur jamendo.com. S’il veut faire ses courses, qu’il les fasse directement sur « Jamendo Pro ». Et si, en tant que mélomane, il apprécie des oeuvres présentes sur jamendo.com et que cela suscite son intérêt de commerçant, il peut facilement contacter l’artiste pour lui faire part de son intérêt et lui suggérer d’adhérer à « Jamendo Pro », ou même mieux : lui proposer directement un deal, évitant ainsi de payer une commission à Jamendo.

Jamendo entretient la confusion entre jamendo.com (plateforme d’écoute et de partage) et « Jamendo Pro » qui s’adresse aux professionnels.

Nous aurons l’occasion de revenir dans d’autres articles sur la nocivité de la démarche de Jamendo, mais force est de constater que « Jamendo Pro » n’a plus rien à voir avec la musique libre, contrairement à ce qui est annoncé en première page du site.

Avec les licences pro, Jamendo renie la gestion individuelle et on peut d’ailleurs s’interroger sur l’intérêt de l’artiste de passer par une société qui ponctionne, au passage, 50 % des revenus.

(1) Le hasard fait bien les choses, dit on. Nous aurions pu prendre l’exemple d’un artiste non inscrit à la SACEM, mais il nous a semblé encore plus criant d’en choisir un qui théoriquement ne devrait pas être sur Jamendo, de par l’incompatibilité des licences ouvertes (cf. notre article sur le cas de l’artiste « Petit Homme »). On pourrait nous objecter que le groupe Eternal Tango est luxembourgeois, et échappe donc peut-être aux règles habituelles de la SACEM, qui n’aurait reçu qu’une délégation pour la France. Nous ne savons pas si ce groupe est adhérent direct de la SACEM ou d’une autre société d’auteurs ou sous le régime du copyright. Toutefois, d’autres oeuvres présentes sur Jamendo et figurant au répertoire de la SACEM impliquent aussi des auteurs bien français, tels l’artiste Marc, dont les morceaux présents sur Jamendo sont enregistrés à la SACEM sous le nom de Marc Zeitoun, ou Phil de Guip, dont les morceaux ont pour auteur-compositeur (d’après la SACEM) un certain Jean-Yves Gautier (alias Syd Mc Angel, arrangeur). D’autres cas de ce genre sont évoqués dans notre article « Des artistes SACEM sur Jamendo« .

(2) Le monde est petit, le Luxembourg encore plus ;-)

(3) On ne retrouve pas son nom sur Jamendo ou Myspace mais tout simplement sur Wikipédia et la liste des morceaux déposés en comparaison de ceux présents sur Jamendo confirme qu’il s’agit bien du même auteur.

(4) Je vous avais bien dit qu’on s’amuserait.

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12 réponses à “Jamendo ne respecte (toujours) pas les licences ouvertes”

  1. manon dit :

    bon je suis du luxembourg et je connais le groupe eternal tango. ils sont chez jamendo depuis plus longtemps que chez la sacem donc je suppose c’est la faute du groupe car ils auront dû supprimer leur compte jamendo.

  2. sam dit :

    merci pour toutes ces informations claires et objectives.

    ce genre d’enquête que vous menez face au cynisme ambiant des dirigeants des boites 2.0 dont Jamendo fait partie est à mon avis la seul vraie réponse à apporter.

    j’attends impatiemment le billet qui, en quelques point expliquera aux nouveaux venus que Jamendo n’est pas un site de musique libre.

  3. On tient une perle « pour le reste, t’inquiète, juridiquement tout est validé. » Mouaarfff !
    Quelle belle réponse d’Amélie Roelants !

    Source : http://www.jamendo.com/fr/forums/discussion/26673/jamendocom-toujours-vitrine-mensongere-de-jamendo-pro/#Item_0

  4. latope dit :

    Félicitations pour tes 67 signatures! j’espère que tu arriveras à tes fins, Après tu t’attaques au major de la musique qui se gavent sur les artistes et sur nous pigeons que nous sommes j’espère,

    bon courage dans ce combat contre Jamendo,

  5. alexia dit :

    pourquoi faire autant de tapage, il n’y a pas d’albums d’ETernal Tango
    peut-être étaient-ils avant

  6. manon dit :

    ‘Votre commentaire est en attente de modération
    22 juillet 2009 à 16 h 24 min’

    je le trouve quand même très immature de ne pas publier mon commentaire. est-ce peut-être car cette fois-ci vous ne savez pas quoi répondre?

  7. jamendouille dit :

    A Manon : les commentaires sont en attente de modération jusqu’à validation par un administrateur, ceci afin d’éviter le SPAM. Il se trouve que nous sommes en période estivale et que les administrateurs se sont octroyés quelques vacances.
    Nous avons donné l’exemple du groupe Eternal Tango, parmi d’autres, pour montrer que Jamendo ne fait pas les vérifications nécessaires et trompe ses propres clients en affichant par défaut un bouton « acquérir une licence d’utilisation commerciale » pour des morceaux qui sont en fait inscrits à la SACEM.

    A Alexia : Les albums d’Eternal Tango ont été apparemment retirés de Jamendo après la publication de cet article. Comme quoi notre « tapage » a eu quelque utilité, non ?

    A sam et latope : merci de vote soutien.

  8. Chaos01 dit :

    Salut ,
    C’est alone01…
    Juste un petit truc , moi j’ai téléchargé les albums d’éternal tango sur jamendo , et je sais qu’il y en a d’autres qui ne devrais pas faire partie du catalogue ,car adhérent a la sacem , comme vous le prouvez indéniablement preuve a l’ appuis, seulement a force de les pointers comme frauduleux ,jamendo s’active pour les supprimer et moi je n’ai plus la preuve que je les ai bien téléchargés sur jamendo , donc dans un soucis de bien faire ,il y a un bé mol c’est le retrait des preuves ,et je vais devoir broyer mes fichier avant que quelqu’un me tombe dessus pour détention de fichier sacem ,alors qu’il aurais été simple pour moi de dire ,regardez c’est sur cette page et sur jamendo qui m’autorise a le télecharger , pour eux c’est facile aussi de broyer des fichier frauduleux sans laisser de trace , aujourd’hui il serra impossible pour moi d’avoir la preuve de ma bonne foi!

    Voila c’est peut-êtres des conneries ce que je dit , mai il vaut mieux laisser les disques sacem sur jamendo ,car les dénoncer c’est leurs rendre service.

    Bonne continuation dans votre lutte anti-jam.
    +

  9. jamendouille dit :

    Les captures d’écran, dans ce cas, permettent de garder une trace.
    Par ailleurs, c’est tout le problème des licences ouvertes : si l’auteur passe à la SACEM, et que les morceaux sont retirés des sites de musique libre (ce que n’est déjà plus Jamendo, soit dit en passant), comment l’utilisateur peut-il prouver sa bonne foi ? Il faudrait qu’existe un répertoire global des oeuvres sous licences ouvertes. Je m’étonne d’ailleurs que la fondation Creative Commons n’ait pas mis en place un tel système.
    Quant à Jamendo, nous n’avons pas pour but d’y traquer les oeuvres qui s’y trouvent frauduleusement, mais de pointer les abus de cette entreprise. Le cas d’Eternal Tango n’est qu’un exemple parmi d’autres, qui montre que Jamendo ment à ses clients en prétendant leur vendre de la musique libre.

  10. Chaos01 dit :

    Oui pour eternal tango ,la capture d’écran est ici c’est juste!
    Mai il y en a eux tellement qui on été enlevé sans capture d’écrans!

    Oui ,il faudrais une bonne solution a ce petit problème…

    Perso , la solution est de laisser se propager les albums frauduleux , jusqu’ a ce que le site se retrouvent en face de leurs problèmes.

    Cela leurs ferrais une leçon pour l’avenir.
    Mai je ne peut m’ empêché de penser que les preuvent s’envole ,chaque fois qu’un album frauduleux est dénoncé a raison ou a tord , dans le fond c’est une bonne choses ,mai la forme et que tu aide le site a faire le ménage de leurs conneries.

    Sinon oui je sais bien que le but de jamendouille est de dénoncé les abus de jamendo ,mai comme on parle ici sur ce poste d’artiste sacem ,je pense que ma réflection a sa place dans la discutions.
    Mon intervention n’est juste qu’une manière de faire comprendre a ceux qui on l’habitude de dénoncer les oeuvres sacem dans un site de musique libre et qui le font dans un but de protéger la personne qui télécharge,dans un geste de bonne intention risque de le priver de ces preuves.

    Sinon une banque de donnée international avec enregistrement obligatoire d’oeuvre en creative commons avant une misse en ligne serrais la solution , d’ailleurs tous ce qui serais sacem serrais directement contrôlé sur cette banque de données ,et directement supprimé avant la misse en ligne.

    Très bonne idée!

  11. sylvinus dit :

    vous ne comprenez *rien* aux licences. la clause NC n’a rien à voir avec jamendo pro, c’est une partie de la licence de diffusion entre l’artiste et le public.

    C’est ce type de « licences » qui est vendu sur jamendo pro :
    http://wiki.creativecommons.org/CCPlus

    Encore une fois, on est plus dans l’inexactititude, mais franchement dans l’ignorance.

  12. jamendouille dit :

    La licence Jamendo Pro est de type CC Plus ? Ben oui, et alors ?
    Tant que les auteurs ont bien clairement souscrit à ce contrat et explicitement donné leur accord, vous faites votre business comme bon vous semble et on n’a rien à y redire (on se réserve tout de même le droit de critiquer le dumping que vous exercez en bradant la musique que vous vendez).

    Le problème, c’est que vous utilisez le catalogue de Jamendo (qui n’est pas forcément sous CC Plus) comme vitrine par défaut de votre catalogue « Pro », et que dans cette vitrine sont également exposées des oeuvres inscrites à la SACEM ! C’est bien Jamendo qui se complaît ici dans « l’inexactitude », mais il est bien évident que vous ne le faites pas par « ignorance », puisque vous connaissez très bien les licences.

    Respectez les droits des artistes et cessez d’utiliser l’image de marque de la musique libre pour votre business décidément pas très clean. C’est tout ce qu’on vous demande.