Fils de pub

La pub sur Jamendo…

Cela a commencé, discrètement avec des « Google AdSense ». Il était seulement question alors de financer ainsi les serveurs, et la « communauté » s’échinait même à les chercher pour cliquer dessus et ainsi aider ce site sympathique, comme le montre cette discussion d’octobre 2005 : http://www.jamendo.com/fr/forums/discussion/3873/pubs-google/#Item_0.

Le 6 juin 2006, certains utilisateurs de Jamendo commencent toutefois à s’inquiéter du poids grandissant de la publicité, et de la nature de certains annonceurs à l’opposé du « libre » (publicité pour l’opérateur Alice, par exemple). Mais Sylvain Zimmer rassure aussitôt tout le monde : pour ne pas voir la pub, il suffit d’installer « adblock ». Mais pourquoi mettre de la pub si personne ne la voit ? Les annonceurs sont-ils assez fous pour s’acheter des espaces publicitaires invisibles ? On pouvait se douter déjà que Jamendo comptait tout de même que ces publicités soient vues, ou bien elles ne faisaient que servir de test à la mise en place d’autres projets de plus grande envergure ?

Mais laissons la parole à Laurent Kratz (8 juin 2006) :

Je vais quand même intervenir dans ce thread pour redonner une position officielle … Le sujet pub vs libre est recurrent et bien naturel !

Jamendo est une société commerciale. Le projet de départ inventé par Sylvain, était basé sur une approche associative. Je l’ai convaincu (ça a été assez facile) de se mettre dans une logique capitalistique et commerciale pour le bien du projet lui même et de la musique libre. Vraiment rien de dogmatique dans ce choix. Car c’est très important de comprendre que le but pour nous c’est de faire que la musique soit libérée du maximum de contraintes pour qu’elle soit partagée et découverte par le plus grand nombre.

Les capacités financiaires et les ressources d’une société commerciale aident grandement à atteindre cet objectif.

Oui, le modèle actuel est basé sur la pub. Je ne suis moi-même pas particuliairement fan de la pub. Mais c’est un modèle qui marche. Car avec maintenant une dizaine d’année de recul dans l’internet commercial (relire le rapport 10 ans de doubleclick), on sait que l’on peut tirer un salaire par 100.000 visiteurs uniques par mois. Ce qui permet de definir un modèle où on peut anticiper de financer une équipe de développeurs, support, relation artistes, marketing sur base de ce modèle pub.

C’est notre choix aujourd’hui, et il marche plutôt pas mal, on est dans les clous. Rien de mirobolant en terme de chiffre d’affaires, mais de quoi couvrir déjà les couts de bande passante, et même un peu plus. Je regarde les dons fait aux artistes via jamendo et je vois que cela ne marche pas terrible, alors des dons pour jamendo la plateforme, j’y crois encore moins.

Donc c’est notre choix, et nous sommes aussi bien conscients que ce n’est pas le choix de tous. Nous nous attendons bien à voir des detracteurs intervenir sur ces forums, des artistes quitter la plateforme. Mais nous nous investissons beaucoup dans jamendo et nous faisons tout pour trouver l’equilibre entre contrainte budgetaire, developpement d’une plateforme efficace, conviviale et rentrée de brouzoufs. Notre objectif ce n’est pas de plaire à tout le monde, c’est de faire que cela marche.

Je sais bien que je ne vais pas convaincre tout le monde, mais soyez plutôt comme moi, dites vous « génial il y a de la pub sur jamendo », car c’est très bon signe. C’est signe que des modèles raisonnablement rentables sont possibles autour de la musique libre, c’est signe que des annonceurs ont compris que des fans peuvent être intéressés par autre chose que du mainstream, c’est signe que le peer to peer n’est pas que l’axe du mal ™, c’est signe que le petit groupe d’amateurs peut benificier avec assurance d’un service gratuit pour se faire découvrir et partager à grande echelle.

Enfin, pour finir avec une touche plus perso, il se trouve que ma fille ainée s’appelle Alice. Et je trouve que le hasard que cette première campagne sérieuse sur jamendo soit pour cet opérateur italien, est un heureux et sympatique hasard.

Cette profession de foi n’avait pas fait grand bruit, à l’époque, mais elle prend une autre dimension à l’aune du chemin suivi depuis par Jamendo.

Tags:Laurent Kratz, pub, Sylvain Zimmer
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