Articles avec le tag ‘Laurent Kratz’

Fils de pub

Samedi 11 juillet 2009

La pub sur Jamendo

Cela a commencé, discrètement avec des « Google AdSense ». Il était seulement question alors de financer ainsi les serveurs, et la « communauté » s’échinait même à les chercher pour cliquer dessus et ainsi aider ce site sympathique, comme le montre cette discussion d’octobre 2005 : http://www.jamendo.com/fr/forums/discussion/3873/pubs-google/#Item_0.

Le 6 juin 2006, certains utilisateurs de Jamendo commencent toutefois à s’inquiéter du poids grandissant de la publicité, et de la nature de certains annonceurs à l’opposé du « libre » (publicité pour l’opérateur Alice, par exemple). Mais Sylvain Zimmer rassure aussitôt tout le monde : pour ne pas voir la pub, il suffit d’installer « adblock ». Mais pourquoi mettre de la pub si personne ne la voit ? Les annonceurs sont-ils assez fous pour s’acheter des espaces publicitaires invisibles ? On pouvait se douter déjà que Jamendo comptait tout de même que ces publicités soient vues, ou bien elles ne faisaient que servir de test à la mise en place d’autres projets de plus grande envergure ?

Mais laissons la parole à Laurent Kratz (8 juin 2006) :

Je vais quand même intervenir dans ce thread pour redonner une position officielle … Le sujet pub vs libre est recurrent et bien naturel !

Jamendo est une société commerciale. Le projet de départ inventé par Sylvain, était basé sur une approche associative. Je l’ai convaincu (ça a été assez facile) de se mettre dans une logique capitalistique et commerciale pour le bien du projet lui même et de la musique libre. Vraiment rien de dogmatique dans ce choix. Car c’est très important de comprendre que le but pour nous c’est de faire que la musique soit libérée du maximum de contraintes pour qu’elle soit partagée et découverte par le plus grand nombre.

Les capacités financiaires et les ressources d’une société commerciale aident grandement à atteindre cet objectif.

Oui, le modèle actuel est basé sur la pub. Je ne suis moi-même pas particuliairement fan de la pub. Mais c’est un modèle qui marche. Car avec maintenant une dizaine d’année de recul dans l’internet commercial (relire le rapport 10 ans de doubleclick), on sait que l’on peut tirer un salaire par 100.000 visiteurs uniques par mois. Ce qui permet de definir un modèle où on peut anticiper de financer une équipe de développeurs, support, relation artistes, marketing sur base de ce modèle pub.

C’est notre choix aujourd’hui, et il marche plutôt pas mal, on est dans les clous. Rien de mirobolant en terme de chiffre d’affaires, mais de quoi couvrir déjà les couts de bande passante, et même un peu plus. Je regarde les dons fait aux artistes via jamendo et je vois que cela ne marche pas terrible, alors des dons pour jamendo la plateforme, j’y crois encore moins.

Donc c’est notre choix, et nous sommes aussi bien conscients que ce n’est pas le choix de tous. Nous nous attendons bien à voir des detracteurs intervenir sur ces forums, des artistes quitter la plateforme. Mais nous nous investissons beaucoup dans jamendo et nous faisons tout pour trouver l’equilibre entre contrainte budgetaire, developpement d’une plateforme efficace, conviviale et rentrée de brouzoufs. Notre objectif ce n’est pas de plaire à tout le monde, c’est de faire que cela marche.

Je sais bien que je ne vais pas convaincre tout le monde, mais soyez plutôt comme moi, dites vous « génial il y a de la pub sur jamendo », car c’est très bon signe. C’est signe que des modèles raisonnablement rentables sont possibles autour de la musique libre, c’est signe que des annonceurs ont compris que des fans peuvent être intéressés par autre chose que du mainstream, c’est signe que le peer to peer n’est pas que l’axe du mal ™, c’est signe que le petit groupe d’amateurs peut benificier avec assurance d’un service gratuit pour se faire découvrir et partager à grande echelle.

Enfin, pour finir avec une touche plus perso, il se trouve que ma fille ainée s’appelle Alice. Et je trouve que le hasard que cette première campagne sérieuse sur jamendo soit pour cet opérateur italien, est un heureux et sympatique hasard.

Cette profession de foi n’avait pas fait grand bruit, à l’époque, mais elle prend une autre dimension à l’aune du chemin suivi depuis par Jamendo.

Quand ils parlent pognon

Samedi 11 juillet 2009

6 juin 2005 : sur le forum de Jamendo, alf s’insurge contre une campagne publicitaire anti-piratage dont le slogan était : « Hey Craignos, la musique, c’est pas gratos ! ». Il propose de détourner ce slogan pour s’en moquer. Proposition de lkratz : « hey bouffon, la musique ça n’est pas que du pognon ! »

Mais qui est donc ce lkratz à l’esprit si subversif ? Nul autre que Laurent Kratz, patron de la société Jamendo S.A. ! Quel gauchiste, ce Laurent Kratz !

Des artistes SACEM sur Jamendo

Jeudi 9 juillet 2009

Les recherches peuvent se faire sur le portail de la SACEM : http://www.sacem.fr/catel/.

Il n’est pas question ici de faire le procès de qui que ce soit, juste d’étayer les affirmations contenues dans la pétition en montrant le double jeu de Jamendo à ce sujet.

Des concerts de musique libre… au goût SACEM :

Jamendo avait commencé fort lors du concert du 16 Septembre 2005 à la Maroquinerie avec le groupe Myassa adhérant à la SACEM (1). C’était au tout début de l’aventure, on peut leur laisser le bénéfice du doute pour cette fois là.

On peut faire les recherches sur le portail de la SACEM avec 3 titres présents sur la page Myspace du groupe (« Eden flou », « Histoire d’A sous le règne de » et « Sarabande marine »).

On constate sur le communiqué de Jamendo qu’était également présent à ce concert le groupe Anabase, depuis inscrit à la SACEM et toujours présent sur Jamendo : http://www.jamendo.com/fr/tag/anabase.

On peut faire les recherches sur le portail de la SACEM avec les morceaux « Le cyclone imaginaire » et « La grande ourse » présents sur l’album « Le bonheur flou » sur lequel vous pouvez d’ailleurs apercevoir le bouton « acquérir une licence commerciale ».

Anabase sur Jamendo

Anabase sur Jamendo

Croyez vous que Jamendo a récidivé en organisant un nouveau concert le 26 Novembre 2008 ?

La réponse est oui !

Avec le groupe Hype, lui aussi inscrit à la SACEM !

Voir le blog d’Amélie : http://amelie.jamendo.net/2008/10/30/jamendo-se-prepare-a-investir-le-glazart/.

Cet évènement à donné lieu un petit échange intéressant sur linuxfr.org. Ce qui est étonnant est qu’un des intervenants cite la réponse que lui aurait faite Jamendo :

Étant donné que nous avons appris la nouvelle peu de temps avant le Jour J, il était pour nous inconcevable de déprogrammer Hype (notamment car nous avions communiqué sur l’événement) ou encore d’annuler le concert.


Le groupe Hype a par la suite disparu de Jamendo. Ouf !

Pour le prochain concert, Jamendo fera certainement mieux.

Le groupe « Petit homme » :

C’est un cas intéressant car il avait laissé croire que la SACEM était en passe de reconnaître certaines licences ouvertes.

Ce groupe est à la SACEM et présent sur Jamendo.

Phil Axel a écrit un article à ce sujet sur son blog.

Les commentaires sont très intéressants, puisque Laurent Kratz, PDG de Jamendo intervient :

Nous sommes en contact avec nos avocats (nous ne sommes pas des juristes non plus) et Petit Homme. Nous prenons les devants pour rencontrer une nième fois la SACEM.

Il y a également mdulong qui écrit :

Les licences CC s’appliquent à une oeuvre, et ne se réduisent pas à autoriser la seule diffusion sur internet.

Ne serait ce pas d’ailleurs Mélanie Dulong de Creative Commons France qui répond ?

Mais Jamendo a persisté et Petit Homme a toujours ses albums sur Jamendo malgré les réponses de Laurent Petitgirard à Pola.k confirmant l’incompatibilité des CC avec la SACEM.

Le 13 Février 2009 à 19h53 :

Chère Pola.K,
En effet il y a contradiction car la licence libre ne permet pas la même étanchéité que la gestion collective.
J’irai à la pêche aux réponses au service SACEM concerné car franchement, ces situations sont très spécifiques et mes fonctions me demandent une vision très large.
A très vite.
LP

Le 13 Février 2009 à 20h28 :

Chère Pola.k,
Il n’y a eu que 3 réserves pour Internet des droits apportés à la Sacem en 2008 et ce sont les 3 membres du groupe que vous mentionnez.

Du seul fait que le groupe Petit Homme a fait la réserve de ses droits Internet en adhérant à la SACEM, cela signifie bien qu’ils ont lu et étudié les statuts, et que donc, s’ils n’ont pas réservé d’autres droits prévus à l’article 34, c’est parcequ’ils voulaient en toute connaissance de cause en confier la gestion à la SACEM.

Leur apport à la SACEM pour les autres catégories est donc bien valable, et opposable aux diffuseurs qui se prévaudraient de la mention figurant sur Jamendo.

Le groupe devrait d’ailleurs faire préciser cette mention.

A ma connaissance, il n’y a pas encore eu conflit, mais les services de la SACEM estiment qu’ils seraient fondés à faire valoir leur contrat dans l’un des cas que vous exposez.

Bonne soirée.
LP

Ces interventions ont eu lieu à l’issue d’une tribune publiée par Libre Accès sur Numérama.

Pour être complet sur cette affaire, j’ajoute le lien vers l’avis d’un avocat sur cette affaire :
http://www.brmavocats.com/fr/act/actualite_model.asp?id=474.

Tous les albums de Petit Homme sont affublés du même bouton « acquérir une licence commerciale ».

Petit Homme sur Jamendo

Petit Homme sur Jamendo

Petit Homme sur Jamendo

Petit Homme sur Jamendo

Petit Homme sur Jamendo

Petit Homme sur Jamendo

Nous pourrions trouver quantité de groupes inscrits à la SACEM sur Jamendo, mais là, nous avons choisi des groupes que Jamendo ne peut pas ignorer. Anabase et Petit Homme sont toujours sur Jamendo.

(1) voir communiqué de presse de Jamendo.

Innovation (1)

Mercredi 8 juillet 2009

6 février 2009 : Laurent Kratz répond à un article du blog presse-citron qui fait l’éloge de Jamendo Pro, « alternative concrète à la SACEM ».

Nous sommes une plateforme de gestion individuelle de droits, de promotion et de distribution numérique basée sur l’innovation des licences Creative Commons.

Ce qui est amusant, c’est que Laurent Kratz fasse référence à la « gestion individuelle » des droits au moment où Jamendo Pro se pose précisément en concurrent de la SACEM, organisme de gestion collective.

La référence aux licences Creative Commons comme « innovation » peut également faire sourire : avec « Jamendo Pro », Jamendo vend des licences d’utilisation commerciale qui sont des licences maison et se démarquent donc des Creative Commons. La « marque » Creative Commons, et au-delà le phénomène de la musique libre, servent donc de produit d’appel pour vendre de la licence Jamendo Pro. Jamendo, qui prétend offrir le « plus important catalogue de musique libre au monde » (et archive.org, alors ?) instrumentalise en fait à son profit l’image de la musique libre pour en quitter aussitôt le champ d’action.

« L’innovation » est le maître-mot de Jamendo. Par exemple, ne pas respecter les prérogatives de la SPRE ou de la SACEM, ce que le droit considère comme une infraction, est présenté comme une « innovation ». Ainsi, lorsqu’un article sur 01net.com révèle les démêlés de « Jamendo Pro » avec la SPRé (qui a écrit à Jamendo pour lui signaler que les utilisateurs de « Jamendo Pro » devaient reverser  les droits voisins au titre de la « rémunération équitable »), Laurent Kratz rétorque :

C’est un régime légal français un peu particulier, explique Laurent Kratz, président de Jamendo. Avec Jamendo, nous sommes dans l’innovation, il y a encore des tas de choses à clarifier.

On comprend mieux la nécessité pour l’entreprise d’avoir son siège social au Luxembourg. Il est ainsi plus aisé d’innover loin du « régime légal français un peu particulier ».

Amélie Roëlants répond aussi sur le forum de Jamendo :

La SPRé est un obligation légale française.
Même si vous passez votre propre musique ou de la musique du domaine publique dans votre lieu public, vous devez payer cette licence. (par exemple certain magasin passe que des CéDés de Mozart et Bach, ils ne doivent pas payer la SACEM, mais doivent bien payer la SPRé).
Cela s’applique donc à Jamendo aussi. Jamendo innove, on a encore beaucoup de choses à clarifier.

On démarre les démarches pour que les artistes qui passent dans nos radios pro en france touchent ce que la spré a collecté. C’est une démarche qui va mettre des années, mais elle est démarrée.

On garde une démarche transparente, en ligne, non exclusive, adaptable titre par titre, qui s’interrompt sur simple click à la demande des ayants droits.

« Jamendo innove », donc : cette innovation consiste visiblement à prendre quelque liberté avec le droit (c’est évidemment le droit qui est en retard sur Jamendo), et les ayants droit lésés peuvent interrompre cette démarche « transparente » (sic) sur « simple clic ».

Sylvinus (alias Sylvain Zimmer, cofondateur de Jamendo) précise ensuite :

Les clients jamendo pro ne doivent en *aucun cas* payer la sacem. La sacem collecte « pour » la spré, mais quand le resto a une licence j.pro, il ne devrait théoriquement payer que la spré en plus. ce qui dans la pratique n’est encore jamais arrivé, puisque les inspecteurs sacem ne passent plus.

Ainsi donc l’innovation de Jamendo consiste à affirmer à ses clients qu’ils n’ont à payer ni la SACEM ni la SPRé, alors qu’ils devraient « théoriquement » le faire pour la SPRé. Mais puisque les inspecteurs de la SACEM « ne passent plus »…

Quand Jamendo s’exprime

Mercredi 8 juillet 2009

Les usagers du forum de Jamendo savent que l’équipe peine à apporter des réponses aux questions dérangeantes. Pourtant, il arrive que Laurent Kratz ou Sylvain Zimmer s’expriment publiquement, et leurs propos sont toujours dignes d’intérêt. En tout cas, nous avons décidé de nous y intéresser.

Innovation (1)

Innovation (2)

Innovation (3)

Les artistes sont de grands enfants

L’humanisme selon Mangrove

Quand ils parlent pognon